Deux poids, deux mesures. C’est ce qui a été donné de constater le week-end dernier, au cours des deux manifestations organisées par la plateforme des femmes de EDS et CDRP, deux coalitions de l’opposition, et le Rassemblement des houphouétistes pour le démocratie et la paix (RHDP) à la faveur de l’investiture d’Alassane Ouattara comme candidat du RHDP, à la présidentielle du 31 octobre, au stade Félix Houphouët Boigny. La marche projetée par les militantes de l’opposition pour le vendredi 21 août, pour protester contre le 3ème mandat du chef de l’Etat sortant, n’a pu se faire, parce que contenue par un déploiement important des forces de l’ordre. En revanche, le samedi 22 août, les militants du RDHP, en marge de l’investiture de leur candidat, ont marché, à travers le Plateau et les quartiers environnant, encadrés par les par les forces de l’ordre.
Le vendredi, quand notre équipe de reportage arrive au carrefour la vie, aux environs de 9h30 min, c’est une atmosphère inhabituelle qui règne. Le carrefour d’ordinaire grouillant de monde et très animé, est plutôt calme. Les rues sont clairsemées et les passants rares. Les taxis communaux sont à peines perceptibles. Les bus et quelques sont Gbakas sont plus remarqués.
Deux poids, deux mesures
Dans cette atmosphère, une chose saute aux yeux ! La présence des forces de l’ordre. Au feu de l’intersection des boulevards Latrille et Mitterrand, se trouve prépositionné, un camion d’éléments de la CRS, vêtus de leur tenus d’apparats. Dans les environs, à quelques dizaines de mètres, il y a également d’autres agents, d’un autre corps. Un peu plus loin, au niveau de la SOIDEMI, point de départ indiqué de la marche, le dispositif est plus impressionnant. Plusieurs éléments de la gendarmerie. Au moins quatre véhicules sont stationnés. Les policiers et gendarmes positionnés en groupe, veillent au grain. Certains passants sont interrogés avant de laisser continuer.
Aux environs de 13h, au moment où nous quittions les lieux, la situation était la même. Le dispositif sécuritaire empêchait la mobilisation des femmes de l’opposition. Selon des témoins, tôt le matin aux environs de 7h, une vingtaine de femmes au nombre des desquelles des manifestants, ont interpellées et conduites à la préfecture de police d’où elles ont été relâchés quelques heures plus tard.
Marie-Odette Lorougnon, responsable EDS, a, dans la conférence de presse tenue au siège du PDCI expliqué que l’armée a été déployée pour empêcher les femmes de s’exprimer : « Ce matin, il y a eu une vingtaine de femmes qui ont été arrêtées. Elles ont été libérées et elles sont parmi nous ici. Je crois que c’est pour dissuader cette marche historique des femmes de Côte d’Ivoire que toute l’armée a été réquisitionnée. Une marche des femmes aux mains nues pour crier leur ras-le-bol, par rapport à la violence des microbes. C’est étonnant quand on sait que Monsieur Ouattara dit que nous sommes dans une démocratie », a-t-elle affirmé sur un ton de colère. Poursuivant, elle a dénoncé la violation de la liberté d’opinion « Dans la République, les citoyens ont des droits. Nous avons le droit de dire non ou de dire oui. Nous, nous sommes pour le non parce que nous trouvons que 3ème mandat d’Alassane Ouattara est anticonstitutionnel. Nous ne l’acceptons pas et nous avons le droit de dire non…Je voudrais dire que l’armée est là pour tout le monde », dira Mme Lorougnon. La responsable d’EDS a ajouté que devant la situation, des consignes ont été données pour que la marche soit éclatée, donc organisée dans toutes les communes et dans toute la Côte d’Ivoire. Pour sa part, Adèle N’Dabiya secrétaire exécutive du PDCI chargée de la mobilisation des femmes a demandé aux jeunes de l’opposition de réagir en empêchant le passage des convois du RHDP pour l’investiture prévu le lendemain.
Les militants du RHDP marchent
Samedi, 22 août, comme si l’on se trouvait ailleurs qu’en Côte d’Ivoire, les militants du RHDP marchent depuis Adjamé pour rallier le stade Houphouët Boigny, lieu de l’investiture du candidat. Ils sont vêtus de T-Shirt à l’effigie d’ADO ; chantent et dansent dans une ambiance bonne enfant. Contrairement à ce qui s’est passé, à Cocody, la veille, ils sont encadrés par les forces de l’ordre qui gèrent la circulation afin de faciliter le passage des militants.
Au plateau, le spectacle n’est pas différent. Des militants RHDP heureux, parcourent le plateau avec les des posters de leur candidat en chantant et en dansant comme pour marquer leur territoire. Les forces sont là aussi pour les guider et les canaliser.
L’autre situation anormale, est sans doute le non respect des mesures barrières par rapport au COVID-19. Au cours des marches comme dans le meeting au stade, la distanciation est peu respectée. Plus grave, de nombreux militants ne portent pas de masque.
Dans son allocution, Alassane Ouattara a déclaré qu’il sera élu au premier tour du scrutin du 31 octobre. Réagissant aux manifestants qu’il a soutenu que ses opposants ont peur de l’affronter. Ce qui explique selon lui, les manifestations pour l’empêcher d’être candidat.
César Ebrokié
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